La Belle Cie

When I'mgood, I'm good, but when I'm bad, I'm better

TRAVERSE

Sur ce spectacle, il y a des choses écrites.
On peut avoir une foule de renseignements en cliquant ici.
Si vous êtes plutôt visuel, il y a des vidéos, on peux les regarder en cliquant ici et là (c’est pas la même…)
Si vous êtes textuels, Il y a un dossier. C’est le dossier de diffusion, on le lit en cliquant là.

Sinon, il y a aussi cela.

« Ce serait comme un surgissement si tu veux. Quelque chose qui arrive, qui déboule. Quelque chose qui trouble.
Au début, c'est un peu rien, une banalité, une chaise par exemple. Et puis une autre, et une autre et une autre. Le fantastique, c'est quand la réalité ne peut plus se contenir. C'est quand on fait un pas de plus, une chaise en trop. C'est là que ça s'ouvre, que ça se trouve. C'est comme une tombée qui se ferait en douceur, comme de la nuit ou du jour. On ne voit rien, mais quand on se retourne, on voit bien que quelque chose s'est passé. Quelque chose de violent même (le mouvement des sphères célestes, tout de même, c'est très violent). On voit, avec toute la force de notre histoire passée, on voit. Et ça fait drôle, c'est plutôt drôle et plutôt triste aussi parfois. Parce que ce qui nous permet de voir, à cet instant, c'est justement que jusqu'alors, on n’a pas vu, tu vois ?
Ce serait bien un téléphone aussi, et puis des habits sobres, simplement noirs, un peu stricts, un peu tous pareils, mais pas vraiment pareils hein ! En fait, c'est très "secteur tertiaire", très administration en folie. Légèrement érotique. A quoi ça rêve, l'administration, quand ça dort ? »
Description générale de l’action
Un rendez-vous est donné au public devant le porche d'un immeuble ou une porte de maison. La porte s'entrouvre et, à l'image d'une colonie de fourmis émergeant de sa galerie souterraine, le dispositif surgit : une chaise, deux chaises, cinq chaises, une table, quarante chaises...
Les comédiennes se déplacent uniquement sur les chaises et, peu à peu, font avancer le dispositif. La folle ribambelle de sièges, les comédiennes debout dessus, le tumulte de leur progression, placent immédiatement la proposition hors de tout réalisme, dans un registre burlesque.
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C’est une forme de chaos administratif en marche, une vague implacable, capable de tout piétiner sur son passage.
Le déplacement sera progressif jusqu’à, plus loin dans la ville, un autre seuil, une nouvelle porte dans laquelle le dispositif s’in ltrera jusqu’à disparaître.
Quelques heures plus tard, la performance peut être reconduite depuis un autre point de départ jusqu’à un autre point d’arrivée. Et encore, et encore, et encore...
Principes formels
Deux mouvements alternent dans ce mouvement global :
- Mouvement dominant : l'avancée du dispositif. Consiste dans le déplacement, par les comédiennes, des 40 chaises, tables, etc... en ligne droite. Chaises et tables peuvent être indifféremment disposées sur leurs pieds ou renversées, entassées, empilées ou alignées. Les comédiennes articulent des séquences où le dispositif progresse de manière uide et des séquences plus chaotiques. Sorte de clowns imperméables à la logique de ce monde, elles empruntent les chemins les plus improbables pour déplacer les éléments, générant des mouvements inextricables, provoquant quiproquos, catastrophes et effondrements en série
- Mouvement périodique : les éléments n'avancent plus, seules les comédiennes sont en mouvement : elles effectuent une sorte de « course » lente, dont l'enjeu nous échappera, en choisissant toujours le chemin le plus compliqué et périlleux. Prenant appui physiquement les unes sur les autres, elles se gênent, s'écrasent et se piétinent sans jamais paraître s’en rendre compte. Dans ce mouvement, des mots fusent, formules de politesse lancées à la cantonade, « s'il vous plaît, pardon, excusez-moi, je vous en prie », des téléphones se décrochent « allô oui, ne quittez pas je vous la passe» dans un méli-mélo comique et joyeux.
La place du public
La performance est une traversée d'espace que le public peut accompagner. Mais elle est aussi, de par sa forme même, destinée à être observée par tous ceux qu'elle croise au hasard de son mouvement : les passants, les quidams installés aux terrasses de café, ceux qui depuis chez eux mettent le nez à leur fenêtre, les commerçants depuis leur magasin... Aucun rapport direct n'est en jeu entre le public et les comédiennes.

La performance est reconduite en plusieurs lieux, 3 fois sur la même journée et ce sur plusieurs jours, pour créer une forme de tension dans l'espace. On doit s'attendre à voir surgir la fourmilière à tout moment, de tous les porches de la ville, et ressentir la curieuse impression que même lorsque nous ne la voyons pas, la fourmilière est encore là, avance, dans les rues ou sous la terre, progresse, indéfiniment...
Enjeux poético-poétiques
Traverse est une action chorale, un mouvement d’ensemble. Les comédiennes font société et cette société se meut. Vers où et quoi ? Nous ne le saurons jamais car le mouvement disparaît par une ouverture pour peut-être reparaître, plus tard, plus loin.

Traverse est une histoire d’hier et d’aujourd’hui, l’histoire immémoriale d’hommes en marche et en action, seuls- ensembles, condamnés de générations en générations à traverser d’un mouvement commun l’espace et le temps. Ce qui est premier, ce n’est pas le commencement, mais le recommencement. Pas de place pour la chute, les comédiennes ne mettront pas pied à terre, si elles tombent elles sont hors jeu, celui qui tombe est perdu, rejeté du groupe qui l’abandonne au bord du chemin.

Chacune des comédiennes travaille seule avec sa volonté, donnant aux autres le même statut qu’aux chaises et tables en jeu. C’est un choeur de solitudes qui avancent ensemble.
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Ni drame, ni provocation, ni esthétisme, Traverse est une mélodie qui circule dans l’espace.